Le triomphe de la cupidité
Joseph E. Stiglitz, Editions Les liens qui libèrent, Paris, France, février 2010
Un livre très attendu : l’analyse de la crise et de l’avenir de l’économie mondiale par le célèbre prix Nobel qui dénonce depuis plus de 10 ans le fondamentalisme du marché, la libéralisation à outrance des capitaux, les dérégulations, la montée des inégalités. L’un des très rares économistes qui avait prédit les risques de crise. Pour l’auteur, ce qui s’est passé en septembre 2008 est comparable à la chute du mur de Berlin pour le communisme en 1989. Il s’agit donc aujourd’hui de la fin d’un système et de la nécessité vitale de penser autrement le monde. Ce livre sera sans conteste un livre de référence tant la réputation mais également la force d’analyse et de prédictions de l’auteur sont grandes.
Cette crise, l’auteur l’avait annoncée. Aujourd’hui il démontre qu’elle est au système néolibéral ce que la chute du mur de Berlin, en 1989, fut à l’économie soviétique. Il ne s’agit donc pas d’y répondre dans le cadre exigüe de nos références mais de faire un pas de côté et de la considérer globalement jusqu’à la remise en cause des fondations qui l’ont rendue possible.
Comment en est on arrivé là ? Quelles sont les véritables causes de cette crise? Comment un système économique a pu ainsi s’imposer au monde ? Comment les élites politiques n’ont pas su entendre les signes avant coureurs (crise asiatique, crise argentine, Enron…) ? Comment le monde de la finance a t il pu prendre le pas sur le monde politique ? Comment un récit économique est il devenue le seul possible sans aucun contre pouvoir ? Comment avons-nous pu accepter une telle montée des inégalités sans prendre conscience des conséquences ? Comment alors même que l’histoire nous susurrait de prendre garde avons-nous dérégulé et libéralisé à outrance les capitaux ? Comment la crise du crédit s’est emballée ? Comment expliquer la faillite des institutions et des Etats ? Comment n’a-t-on pas pu ou voulu contrôler les dérives des produits financiers ?
C’est donc l’histoire de cette crise que l’auteur analyse toujours avec pédagogie, vie et dans un langage accessible à tous. Mais il ne s’arrête pas là !
Il ouvre des réflexions passionnantes et si vitales aujourd’hui : Sommes-nous à l’aube de la fin du capitalisme ou de la mort d’un système ? Que doit-on faire pour en sortir ? Sommes nous prêts à une véritable refondation ou comme, il le semble, nous limitons nous à quelques remèdes cosmétiques ? Bref est-il raisonnable d’appliquer à une plaie largement gangrénée un simple mercurochrome ?