Pour une autre économie, 60 propositions pour l’ESS
Hors-série Alternatives Economiques n°46
Alternatives économiques Poche, France, novembre 2010
Un ouvrage publié par Alternatives Economiques en novembre 2010, et élaboré par le labo de l’ESS sous la direction de Claude Alphandery qui en assure la présidence.
Edito Par Claude Alphandéry, président du Labo de l’ESS.
L’économie sociale et solidaire (ESS), aux racines historiques profondes et à la modernité ardente, rassemble une grande diversité d’initiatives économiques, sociales, culturelles qui ne s’identifient ni au secteur public ni au champ capitaliste.
Diverses dans leurs réalités, ces initiatives partagent néanmoins des caractéristiques essentielles : une finalité d’utilité sociale s’inscrivant dans un projet économique ; une mise en œuvre du projet fondée sur une gestion éthique et une gouvernance démocratique ; une dynamique de développement s’appuyant sur un ancrage territorial et une mobilisation citoyenne.
Ces principes confèrent à l’ESS une opportunité historique face à la crise d’une économie dominée par le seul profit et dont les effets dévastateurs mettent en péril l’environnement, précarisent l’emploi, jettent dans la misère et l’exclusion un grand nombre de citoyens.
Pourtant les initiatives de l’ESS apparaissent encore fragmentées. Leur offre de services et d’emplois n’est pas à la mesure des besoins. Elle ne parvient pas à changer d’échelle, moins encore à devenir une force politique et à incarner un projet de transformation de la société.
Pour y parvenir, nous avons engagé une vaste réflexion avec des dizaines de citoyens engagés dans l’ESS et avec les principales organisations qui les rassemblent[1]. Nous avons bénéficié pour ce faire de l’aide financière de la Fondation Léopold Mayer du progrès de l’homme, de l’appui d’éminents chercheurs[2], et de concours précieux et divers notamment de la Caisse des dépôts et de France Active.
Cet ouvrage collectif concrétise cette réflexion. Je l’ai initié et piloté en collaboration avec Laurent Fraisse et Tarik Ghezali. Il se divise en deux parties : Une première partie pour expliquer comment l’ESS peut et doit être un laboratoire pour un autre mode de développement. Un mode de développement qui affirme la centralité de l’homme plutôt que celle de l’Etat ou du capital. Une seconde partie plus opérationnelle présentant 60 propositions pour permettre à l’ESS de changer d’échelle et plus largement de contribuer à un changement de cap de l’économie dans son ensemble.
Ce texte s’adresse à l’ensemble des acteurs de l’ESS et au-delà à tous les acteurs, politiques, économiques et civils désireux de s’appuyer sur la crise pour affirmer un nouveau mode de développement plus solidaire et plus soutenable.
Il y a urgence. Le débat semble de plus en plus se résumer à l’équation sortie de crise = reprise de la croissance. Le retour d’un « business as usual » fait fi des leçons des crises financière, économique, écologique, sociale, culturelle. Ces crises nous imposent de questionner en profondeur : nos modes de production, de consommation, d’investissement ; de réinterroger le sens de la croissance, du développement ; de construire un nouveau projet de société. L’économie sociale et solidaire est un laboratoire pour y parvenir.