Séance de présentation de la loi régionale Emilia-Romagna « Norme per il sostegno e lo sviluppo dell’economia solidale »

Synthése des interventions de Mauro Serventi, Thomas Casadei, Gianguido Naldi (vidéo), lors de la rencontre de Collecchio, en Juin 2014

Tomas Regazzola, février 2014

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Résumé :

Ça fait déjà vingt ans que les actions de l’Economie Solidaire montrent leur signification et démontrent leur efficacité. Et pourtant, malgré la période de grandes difficultés de l’économie, de la représentation politique, de la démocratie, elles n’on jamais avancé des réponses valables au niveau du système.

Pour que les projets élaborés par les institutions reflètent les principes de l’économie solidaire, pour que ses pratiques se généralisent, pour que une idée « autre » de l’économie prenne concrètement forme, il est indispensable dépasser la pulsion antipolitique qui pénètre, de toute part, les groupes de base.

La présence des acteurs de l’économie solidaire est indispensable, non seulement pour permettre aux membres de l’Assemblée régionale d’entrer en contact avec ceux qui, sur le terrain, la font réellement, mais aussi pour leur faire connaître les différents domaines où elle se déploie.

En 2011, se basant sur l’exemple de la loi régionale de l’Ombrie, un conseiller régional (Sel-Verdi) prépare une initiative visant à soutenir les Groupement d’Achat Solidaire (GAS), alors qu’un deuxième conseiller (PD) réfléchit, sur la même base, à des mesures en faveur de la filière courte.

Lors de rencontres informelles avec des membres du futur CRESER, les acteurs institutionnels sont surpris de découvrir que, aux yeux du Mouvement, GAS, Filière courte, et. ne constituent guère des réalités en soi, mais doivent être appréhendés en tant que composantes particulières d’un ensemble plus vaste et complexe. Ils découvrent que, loin de demander des facilités ou des aides, l’économie solidaire rejette toute approche qui se résoudrait en de subventions pour tel ou tel secteur et que, en s’appuyant sur des réalisations concrètes, en avançant des propositions et des projets, elle entend jouer un rôle d’interlocuteur et s’attend que les institutions régionales s’approprient de ses points de vue et intègre sa façon d’aborder et de résoudre les problèmes.

C’est ainsi que les interlocuteurs institutionnels découvrent un monde en grande partie loin de leurs expériences, un monde connu par l’administration seulement approximativement, sommairement, parfois même, d’une façon caricaturale. Un monde qui, pourtant, existe déjà, dans les secteurs les plus divers, mis en œuvre par les franges les plus actives des citoyens, riche d’expériences concrètes, de pratiques intéressantes, vivantes, fondées surtout sur la confiance.

Les interlocuteurs politiques réalisent, alors, qu’une approche en termes de subvention, de protection, renfermerait chacune des activités de l’économie solidaire dans sa propre logique autoréférentielle et qu’il faut, au contraire, raisonner en fonction de districts d’économie solidaire (même si, pour le moment, ils sont virtuels).

Il ne peut pas s’agir de faire descendre une loi du sommet, mais d’élaborer des textes législatifs moins sectoriels, plus amples, susceptibles de supporter et valoriser tout ce qui fait partie de l’économie solidaire.

Les interlocuteurs politiques réalisent qu’ils ne disposent pas des compétences concrètes que, par contre sont maîtrisées par les acteurs réels de ces processus et qu’il s’agit de donner à ces savoirs une reconnaissance législative…

Commence, ainsi, un long parcours, complètement nouveau, fascinant et fatigant, une confrontation très dense, serrée sans un dialogue permanent et coopératif pour élaborer, ensemble, de fond en comble une loi conçue comme une loi-cadre à l’échelle de la région.

Il va sans dire que développer une relation paritaire entre institutions nécessite, non seulement que la composante politique ait un comportement responsable, jouant la relation « entre pairs », mais exige aussi que les acteurs de l’économie solidaire cessent de penser chacun pour soi, comme ils on l’habitude de faire depuis longtemps et que, malgré les difficultés initiales, ils apprennent à se penser collectivement, au niveau de la Région, tout en dépassant le refus de tout ce qui est politique que l’on rencontre si souvent.

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