Micro-finance et développement : de la confiance à la désillusion

VIIIemes Rencontres internationales du Réseau Inter-Universitaire de l’Economie Sociale et Solidaire, Barcelone : Espagne (2008)

Resumo :

Dans cet article, nous postulons que la lutte contre la pauvreté est une étape préliminaire dans un processus de développement économique. Dans ce sens, la micro-finance qui est reconnue comme un instrument de lutte contre la pauvreté peut être présentée comme un instrument dont l’application serait favorable au développement. C’est dans ce sens qu’elle est considérée comme un instrument financier au service des pauvres et qu’elle est ainsi entrée dans les programmes de développement économique des pays à économies faibles. Or, son efficacité reste très modeste voire mitigée, notamment dans le renforcement des capacités des populations bénéficières. La micro-finance répondelle pertinemment aux besoins des populations ciblées ? Mérite-t-elle la confiance portée en elle pour sortir les populations à faibles revenus de leur précarité ? A partir de deux cas d’exemple au Bénin et en Guinée, nous développons dans cet article l’idée selon laquelle la micro-finance n’est pas l’outil destiné à réduire la pauvreté dont on vente encore les mérites.

Cet article est structuré en deux sections. La première section interroge le postulat selon lequel la micro-finance serait une innovation financière au service du développement. Nous critiquons la primauté de la recherche de pérennité des institutions de micro-finance sur l’accompagnement durable de leurs clients avec ses conséquences. Ainsi, dans un premier temps, nous montrons que la microfinance peut être un facteur multiplicateur des inégalités qui accroît notamment l’exclusion et la discrimination face au crédit. Dans un second temps, nous montrons que l’accès aux microcrédits n’est pas forcément source d’accroissement de revenus mais peut être également un facteur de surendettement dû, d’une part, au large accès aux crédits pour certaines catégories de clients et d’autre part, aux coûts prohibitifs des crédits.

La deuxième section interroge la contribution controversée de la micro-finance au bien être des populations bénéficiaires autour de trois variables: les revenus, la santé et l’éducation.