La performance totale : nouvel esprit du capitalisme ?
Florence Jany-Catrice, Presses Universitaires du Septentrion, Villeneuve d’Ascq, , France, 2012
Envisager la mesure des performances sur le registre impératif de la métrologie, comme c’est de plus en plus le cas dans les économies contemporaines, n’a pas uniquement un effet « réducteur ». En opérant par les nombres, ce sont les formes même de la prescription politique et de la vie en société qui sont transformées. Ignorer les formes pluralistes de l’évaluation (notamment de l’évaluation des politiques publiques), revient à faire disparaitre des registres de l’efficacité ce qui faisait valoir l’intérêt général. Exit des mesures de la performance d’un État « prestataire de services » les dimensions civiques ou civiles d’accès aux services pour tous, de bien-être par le travail, de maintien et de consolidation des droits du public.
Un État prestataire de service agit selon une modalité qui se caractérise par une injonction permanente à l’incitation au travail et à l’accroissement de son intensité ; par une représentation économiciste et non citoyenne de l’individu : par une injonction à l’évaluation des performances de ces homo oeconomicus ; et par la fin de la reconnaissance et de la garantie des valeurs républicaines à l’instar de celle de l’égalité et de la citoyenneté.
Comment a-t-on pu en arriver là ? C’est ce que propose d’explorer cet ouvrage qui fournit aussi des pistes de réflexion pour sortir, transitoirement et définitivement, de la performance totale.