Le budget participatif est-il une bonne idée ?

Interview à Anne Querrien, qui dirige Les Annales de la Recherche Urbaine, sur l’expérience de BP de Porto Alegre, Brésil. Revue HERMÈS 26-27, 2000

Anne Querrien, Eric Maigret, 2000

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Compendio :

La municipalité brésilienne de Porto Alegre (1,3 millions d’habitants) mène depuis le début des années 1990 une expérience de « budget participatif » qui fait beaucoup parler d’elle dans le monde. Cette expérience lancée par le Parti des Travailleurs (PT), mouvement d’inspiration trotskiste (principale force d’opposition de gauche au Brésil avec 45 % des voix à l’élection présidentielle de 1998) qui a accédé au pouvoir avec Tarso Genro, maire de 1988 à 1992, repose sur l’association des citoyens au processus d’allocation des investissements. Réunis régulièrement en assemblées, les habitants ont ainsi la possibilité d’infléchir voire de formuler la politique budgétaire de la ville en matière de voirie, d’urbanisme, d’équipement routier, … Les discussions se déroulent de mars à septembre et portent aujourd’hui sur l’allocation de 20 % des recettes totales de la ville (contre 2 % seulement au début de l’expérience). Encore peu étudiée, encore peu interrogée mais faisant l’objet d’une couverture médiatique croissante, cette expérience se veut un apport « subversif » ou « radical » à la démocratie locale et se présente volontiers comme un exemple à imiter, sans que ses spécificités soient analysées (par exemple sa naissance dans une ville du Tiers Monde) comme un obstacle ou un atout à cette diffusion. Hermès a proposé à Anne Querrien, qui dirige Les Annales de la Recherche Urbaine dont un numéro récent consacré aux « Gouvernances » a publié

un article sur le « budget participatif », d’évoquer sa toile de fond géographique, historique et politique, de débattre de son fonctionnement, de son apport démocratique, de ses présupposés idéologiques, c’est-à-dire de l’intérêt de l’expérience en l’état actuel des connaissances, et, enfin, de

son application, c’est-à-dire de sa diffusion possible à d’autres villes, d’autres pays.