L’économie solidaire - Une perspective internationale »
Cet ouvrage est le fruit d’un travail collectif, réalisé sous la direction de Jean-Louis Laville (professeur au Conservatoire national des arts et métiers, co-directeur du Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique). Réf. : L’économie solidaire - Une perspective internationale, Jean-Louis Laville, Laurent Gardin , Benoît Lévesque, Marthe Nyssens, 2007.
Tristan Routier, März 2009
Cet ouvrage est composé de huit synthèses de recherche menées dans plusieurs pays et continents. Rédigé par des universitaires européens (Laurent Gardin, Marthe Nyssens, Isabelle Guérin, Laurent Fraisse, Elisabetta Bucolo), québécois (Paul R. Bélanger, Jacques L. Boucher, Benoît Lévesque) et chilien (Ignacio Larraechea), ces essais illustrent la diversité des nouvelles formes d’économie solidaire.
L’économie solidaire est un concept apparu il y a une quarantaine d’années environ, en réponse à la crise salariale, précipitée par le passage à une société de services. Soulignons qu’il n’y a pas, à ce jour, de définition unique ou de statut juridique déterminant « l’économie solidaire ». Il existe en revanche une multitude d’exemples d’activités économiques et de formes plurielles de travail.
Cet ouvrage présente tout d’abord un recueil d’exemples de cas illustrant cette multitude de pratiques, divergentes selon les pays et les secteurs d’activités. On s’interroge dès lors sur les implications que l’émergence de l’économie solidaire suscite sur l’économie de marché actuelle. Cette réflexion nous conduit à reconsidérer la nature du lien social et les finalités de l’échange économique en suggérant de réinscrire la solidarité au cœur de l’économie. Cela permettrait de corriger les effets pervers de l’économie marchande, qu’il s’agisse des inégalités sociales ou des dégâts environnementaux.
Introduction : les caractéristiques communes de ces activités économiques. L’économie solidaire
L’auteur tente d’esquisser dans un long chapitre introductif les caractéristiques communes de ces activités économiques et donne ainsi un cadre à l’ouvrage. Le lecteur en retient les éléments suivants : L’économie solidaire est fortement ancrée dans le local et dans la proximité. Elle est créée par des usagers pour répondre à un manque d’offre de la part du secteur privé ou de l’Etat. L’objectif est d’assurer la satisfaction des besoins de l’Homme et son épanouissement au sein de la société. Par ailleurs ces activités économiques entraînent des rapports plus égalitaires entre les différents agents économiques en incluant toutes les parties prenantes de l’activité. L’économie solidaire participe ainsi à la démocratisation de l’économie mais nécessite pour pouvoir s’organiser, des « espaces publics de proximité ». Ces espaces dédiés sont créés à la suite d’initiatives populaires. Ils échappent ainsi aux logiques du marché et de l’Etat, générant de nouvelles normes d’échanges basées sur le refus de ces logiques et une participation plus démocratique. Quatre exemples de cette nouvelle économie en Europe de l’Ouest, au Canada et en Amérique latine ainsi qu’à l’échelle du monde (avec l’exemple du commerce équitable) illustrent ces nouvelles initiatives de façon claire et détaillée.
Deuxième partie : implications et opportunités non-économiques de l’économie solidaire
Après une analyse plutôt empirique d’exemples réels, la deuxième partie du livre s’intéresse aux implications et opportunités non-économiques de l’économie solidaire. L. Fraisse analyse la dimension politique de l’économie solidaire notamment la contribution de l’activité solidaire à la « démocratisation de l’économie à partir d’engagements citoyens ». Selon l’auteur, la nature des initiatives solidaires et des formes d’entrepreneuriat social, l’émergence de préoccupations éthiques des consommateurs ainsi que l’articulation au sein de réseaux mondiaux contribuent à créer de nouveaux espaces de débat concernant les normes de l’économie dominante.
En regroupant différents exemples d’activités économiques à première vue très différents, ce livre ne tend pas uniquement à donner une définition de l’économie solidaire. Il soulève surtout deux questions :
Quelle place lui accorderons-nous au sein de l’économie de marché ?
Quels en seront les impacts sur la société si nous acceptons une économie plurielle ?
En réponse, tous les auteurs soulignent l’importance du rôle de l’économie solidaire pour pouvoir démocratiser l’économie actuelle en refondant l’articulation entre, d’une part les différentes formes de travail, et d’autre part une multitude d’acteurs. L’économie sociale est plus qu’une simple articulation économique et doit s’inscrire dans un véritable projet politique.
Notons alors que les contributions de ce livre apportent avant tout des pistes de réflexions, plus que des réponses applicables aux différents pays et à la diversité des situations.
Commentaire :
Le point fort de cet ouvrage est qu’il se base sur des faits et des exemples concrets permettant ainsi de rendre compte de la diversité et d’interconnexion des différents types d’économie. Ce que l’auteur désigne comme étant « économie solidaire » n’est plus une utopie et laisse espérer l’émergence d’une économie plus humaine et démocratique.
Les exemples sont encore très marginaux, cependant, ils montrent que la reconnaissance de l’économie solidaire par les Etats et la communauté internationale est déterminante. Elle devrait ainsi être davantage évoquée sur un plan institutionnel afin d’être mieux représentée. Au regard de la complexité et de l’hétérogénéité des activités, ce projet serait-il trop ambitieux ?
Sources :
Site web d’Irénées www.irenees.net