ESS et création de valeur : Une approche prospective de la mesure d’impact social

Rapport I : La mesure d’impact social : caractéristiques, avantages et limites des démarches existantes

dezembro 2017

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Resumo :

L’Avise, la Fonda et le Labo de l’économie sociale et solidaire ont publié en décembre le premier volet de leur étude prospective sur la mesure d’impact social. Ils plaident pour une évaluation permettant d’embrasser la complexité et de « doter les acteurs de l’ESS d’un pouvoir de négociation à la hauteur de la valeur qu’ils créent ».

Plan d’investissement social pour lutter contre la pauvreté des enfants, mission sur l’impact d’« intérêt général » des entreprises, lancement de l’accélérateur d’innovation sociale « French impact »… Si l’on en croit le gouvernement (voir nos articles ci-dessous), l’évaluation de l’impact social des projets portés sur les territoires a désormais vocation à jouer un rôle important dans la conception et l’évolution des politiques publiques et dans les relations entre pouvoirs publics et société civile. Pour aider « les porteurs de projet à finalité sociale et leurs financeurs » à parler un « langage commun », l’Avise, la Fonda et le Labo de l’économie sociale et solidaire ont lancé en janvier 2017 une étude intitulée « ESS et création de valeur – Une approche prospective de la mesure d’impact social ».

L’enjeu : « mettre l’évaluation au service de l’innovation sociale ». Et éviter, en particulier, de « circonscrire l’objectif de l’évaluation à la démonstration de rentabilité économique immédiate ou au calcul des coûts évités par ces projets ». « Cela suppose que les méthodes d’évaluation se fondent sur des représentations renouvelées de la dimension sociale de la création de valeur, et adaptées à un monde digitalisé et à une société de la connaissance. »

Quatre cas d’évaluation passés au crible

Récemment publié, le premier volet de cette réflexion porte sur les « caractéristiques, avantages et limites des démarches existantes »
. Il rend compte en particulier d’une analyse de quatre cas pratiques, réalisée le 15 septembre dernier par une soixantaine d’acteurs à l’invitation de l’Avise. Ces cas illustraient une diversité d’approches : l’évaluation randomisée d’un dispositif d’insertion des jeunes, des indicateurs de performance pour mesurer l’impact d’un collectif pour l’emploi, la méthode du « retour social sur investissement » choisie par l’association Passeport Avenir, l’outil d’évaluation territorialisée de l’Institut Godin dans le cadre d’un pôle territorial de coopération économique.

Parmi les bonnes pratiques identifiées, citons le fait d’« organiser un partenariat structurant entre l’équipe d’évaluateurs, la structure évaluée, les financeurs et d’autres parties prenantes », de dédier des moyens suffisants à la démarche ou encore de « s’inscrire dans une démarche d’évaluation-action » pour permettre une progression. Du côté des points de vigilance, les auteurs alertent sur les risques liés à un cadre d’évaluation trop rigide, au manque d’implication des parties prenantes ou encore à des critères et indicateurs « imposés par un financeur éloigné ».

Comment éviter que l’évaluation ne formate l’action

L’évaluation doit influencer positivement l’action, et non pas la formater, pointent-ils encore. Plus globalement, ils signalent un risque : la diffusion de la culture de la mesure d’impact peut amener des financeurs – publics ou privés – à « ne s’intéresser qu’à des actions dont les résultats sont facilement observables au détriment de problématiques complexes, enracinées, dont les résultats ne sont pas nécessairement tangibles et ne peuvent s’observer que sur un temps long ».

Pour « doter les acteurs de l’ESS d’un pouvoir de négociation à la hauteur de la valeur qu’ils créent », les coordinateurs de l’étude entendent notamment s’appuyer sur la notion de chaîne de valeur. Ils publieront d’ici la fin de l’année un référentiel destiné à expérimenter une approche renouvelée de la mesure de l’impact social. Toute la difficulté sera de faire de ce référentiel un outil simple, que les acteurs pourront facilement s’approprier, alors que ces derniers considéreraient majoritairement aujourd’hui l’évaluation d’impact social comme « une démarche lourde et complexe à mettre en œuvre ».

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