Au-delà du territoire, la territorialité ?

G’eodoc,

Julien Aldhuy, 2008

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Résumé :

Le mot territoire renvoie à au moins huit définitions différentes. Malgré une réussite incontestée – puisque certains appellent la constitution d’une science des territoires tandis que d’autres veulent faire de la géographie cette science – ce qui caractérise le mieux le territoire est sa polysémie. Tandis que le mot est approprié par la majeure partie des sciences humaines et sociales, celle-ci créerait « une incontestable confusion et tendr[ait] à […] décrédibiliser[le territoire] en tant qu’objet scientifique ». S’il est normal et sûrement nécessaire, comme tout concept scientifique, de soumettre le territoire à la critique, il ne s’agit pas non plus de le rejeter en bloc, en particulier à un moment où celui-ci permet une discussion interdisciplinaire. Notre propos consiste plutôt à essayer de remettre le territoire à sa place parmi l’arsenal des grilles de lectures dont les chercheurs disposent pour comprendre la dimension spatiale des sociétés – au-delà du systématisme et de la quasi-exclusivité dans lesquels il a trop souvent été pensé et utilisé. Pour cela, nous proposons d’adopter une démarche circonspecte et progressive dans l’utilisation du concept de territoire. Dans cette perspective, nous pensons qu’il faut prioritairement s’intéresser à la territorialité, c’est-à-dire au processus, plutôt qu’au territoire, c’est-à-dire à une des formes – non systématique et non exclusive – qu’elle peut engendrer. Cette réflexion nous conduira dans un premier point à exposer les raisons qui nécessitent une utilisation circonspecte et progressive du territoire.

Dans un deuxième point, nous verrons que la territorialité – en tant que processus – constitue un moyen de transcender les liens trop systématiques, exclusifs et formels qui s’établissent entre dimension spatiale des sociétés et territoire. Dans un troisième point, nous montrerons comment la territorialité, telle que nous la concevons, peut servir de base à l’approche progressive d’un territoire, considéré comme une hypothèse à vérifier et non comme un donné préexistant à l’analyse. Enfin, dans un dernier point conclusif, nous soumettrons au débat quelques propositions qui doivent permettre de repenser la place du territoire dans les liens complexes qui se tissent entre une société et l’espace qu’elle produit.

Sources :

halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00278669