Panorama de l’économie sociale et solidaire en France. Edition 2015.

CNCRES, octobre 2015

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Résumé :

Le Conseil national des chambres régionales de l’économie sociale vient de sortir son « Panorama de l’économie sociale et solidaire en France » 2015. Un bilan synthétique et lucide de l’évolution des entreprises et de l’emploi de ce grand ensemble - « disparate », mais aussi dynamique, « terrain fertile pour l’innovation » - qu’est l’ESS.

A l’occasion du lancement - le 27 octobre 2015 - du mois de l’économie sociale et solidaire (ESS), le Conseil national des chambres régionales de l’économie sociale (CNCRES) a rendu publique l’édition 2015 de son Panorama de l’ESS en France.

« S’il ne faut pas verser dans l’angélisme, car certains secteurs d’activité connaissent des difficultés (concurrence accrue, incertitudes financières…), les chiffres confirment l’ESS comme une véritable force pour notre pays », écrit Jean-Louis Cabrespines, président du CNCRES, en édito du document.

Les tendances présentées sont effectivement plutôt encourageantes : en 2013, « pour la première fois depuis dix ans, le cap des deux millions de salariés en équivalent temps plein est franchi ; et la part des emplois de l’ESS dans l’ensemble de l’économie passe de 10,3% à 10,5%". Considérant le seul emploi privé, ce taux s’élève à près de 14%.

Si l’emploi a légèrement augmenté entre 2008 et 2013 (+ 0,8% dans l’ESS contre – 0,2% dans le reste de l’économie), « le rythme de création d’entreprises semble se stabiliser ces dernières années dans l’ESS », avec une moyenne de 3.600 créations par an entre 1991 et 2011. Sur ces dix dernières années, le CNCRES repère un développement notable des groupements d’employeurs et des coopératives de production (Scop, Scic et CAE).

Un ancrage fort dans des communes rurales, comme dans de grandes agglomérations

Le CNCRES met en avant un « ancrage territorial fort » de ce mode d’entreprendre, repérant « 189 communes où l’ESS représente plus de 50% des emplois locaux et 1.088 communes où l’ESS représente plus de 25% des emplois ». Ainsi à Chalain-le-Comtal, dans la Loire, 91% des 287 salariés du village travaillent dans l’ESS, du fait notamment de la présence du siège d’une fédération départementale d’associations rurales.

Dans une moindre mesure, certaines grandes agglomérations se distinguent aussi par le poids de l’ESS dans l’emploi : Mulhouse (21,8%), Angers (18,5%), Saint-Etienne (17,5%) et Besançon (15,8%). (Voir également notre article du 20 octobre 2015 « Emploi dans l’économie sociale : comment se situent les futures grandes régions ?")

Dans la grande famille de l’ESS, on trouve des animateurs socioculturels et des cadres de banques et assurances

Ce panorama vise aussi à donner une image plus concrète du grand ensemble de l’ESS, en présentant ses principaux secteurs d’activité : l’action sociale (crèches, aide à domicile, aide par le travail…), le sport et les loisirs (et notamment « la grande majorité des clubs sportifs »), les activités financières et d’assurances (mutuelles et banques coopératives en particulier), les arts et spectacles, l’enseignement.

Dans cet ensemble disparate, le secteur de l’action sociale est largement en tête en termes d’effectifs (40% de l’emploi dans l’ESS), mais aussi de poids de l’emploi ESS dans le secteur considéré (61%).

Du côté des métiers, on apprend que l’ESS comprend plus des deux tiers des animateurs socioculturels (rémunérés en moyenne 1.455 euros net par mois), mais aussi un quart des cadres des services techniques des assurances (dont le salaire net moyen atteint 3.676 euros). La diversité de ces activités et son éventuel impact sur l’émergence d’une culture de l’ESS ne font pas l’objet de commentaire.

48% de CDI à temps complet dans l’ESS, 20 points de moins que dans le reste du privé

Au niveau des fragilités, le CNCRES rappelle qu’il y a « globalement moins de CDI et moins de temps complet dans l’ESS, et notamment dans les associations », même si « les écarts tendent à se réduire depuis 2008 ».

Considérant les CDI à temps complet, l’écart est toutefois significatif : il concerne 48% des salariés de l’ESS, quand ce taux s’élève à 68% dans le reste de l’économie privée. « Cette différence s’explique par la nature des métiers principalement exercés dans l’ESS, et particulièrement par le poids de l’aide à domicile, de l’enseignement culturel, du sport dans les associations. »

Des opportunités sur le terrain de l’innovation, des évolutions nécessaires dans les modèles économiques

Le réseau des Cres préfère toutefois insister sur les opportunités qui s’offrent à l’ESS, « terrain fertile pour l’innovation » dans les énergies renouvelables, la finance solidaire ou encore la recherche et le développement. Le réseau des chambres de l’ESS repère ainsi l’émergence de « métiers nouveaux » – liés à l’économie verte, mais aussi à « la coordination des entreprises de l’ESS dans les territoires » -, « certainement amenés à se développer dans les années à venir ».

Quant à l’enjeu de la baisse des financements publics, le CNCRES met en avant des « solutions » : « actualisation du modèle économique, diversification des ressources, développement du mécénat et des dons privés, financement participatif », mais aussi « mutualisation de ressources - matériel, bureaux, services » et des emplois, « notamment dans le cadre d’un groupement d’employeurs ».